Monday, July 2, 2007

Le droit à la liberté d'expression est non négociable

Le 15 février 2004, Didier Contant, ancien rédacteur en chef de l'agence Gamma et grand reporter, fait une chute mortelle du cinquième étage d'un immeuble parisien. Il venait alors de rentrer en France d'un séjour d'un mois à Blida et à Alger où il avait mené une troisième enquête sur l'enlèvement et l'assassinat des Moines de Tibhirine. Didier Contant s'apprêtait à publier un article faisant état des résultats de son enquête quand il était la cible d'une cabale de fausses accusations que des confrères conduisaient contre lui. Sans apporter la moindre preuve, ils l'accusaient d'être un double barbouze au service de la Sécurité Militaire Algérienne (SM) et la Direction de la sécurité du territoire français (DST).

En réalité, Didier Contant n'avait même pas eu le temps d'organiser ses notes de recherche, voire encore publier un article, alors qu'un processus de démolition psychologique s'est abattu sur lui sous forme d'insinuations, de menaces et d'intimidations, dont bon nombre ont été en même temps rapportés aux directeurs des rédactions avec qui il travaillait régulièrement. Ainsi, ce journaliste chevronné s'est trouvé destabilisé et marginalisé dans sa profession.

Contrairement aux idées de la pensée unique dominant dans la presse française qui impute systématiquement au gouvernement algérienne la responsabilité de l'enlèvement et l'assassinat des moines de Tibhirine, Didier Contant avait recueilli des témoignages confirmant ce que de nombreux algériens avaient déjà affirmé, c'est-à-dire que les Groupements Islamistes Armées (GIA) étaient responsable de la mort des sept moines Trappistes, meurtres que les GIA ont d'ailleurs revendiqués par communiqué. Et c'est parce qu'il a voulu exprimer son opinion, qu'il a été victime de l’intolérance qui règne dans une partie de la presse française par rapport à la décennie noire en Algérie.

Sur le fondement de cette intolérance, Didier Contant a subi une entreprise de démolition psychologique, basée sur des critiques infondées, des mensonges et des calomnies. De quoi avaient-ils peur ses confrères ? Qu’il allait révéler leurs mensonges ? Qu’il allait exposer des éléments qu’ils aient dissimulé à l’opinion française pour construire une autre réalité ? Quelle que soit la réponse à ces questions, réponse que l’opinion française est en droit de réclamer, les méthodes employées sont inqualifiables et indignes d’une république démocratique, dont les textes protègent et défendent la liberté d’expression. Il est urgent que toute la lumière soit faite sur la mort du journaliste, Didier Contant.

Rina Sherman
Paris, le 2 juillet 2007

1 comment:

Wintermute said...

J'apprend suite à un commentaire sur le site du nouvel obs le drame qui vous a frappé. J'avoue ne pas comprendre ce qui a poussé le journaliste de canal à calomnier Mr Contant, et ce jusqu'à un 'suicide' qui me parait très bizarre pour quelqu'un qui s'apprête à publier une enquête qui lui a demandé un travail considérable.
Cependant, la thèse qu'il a défendu était encore la thèse officielle il y a peu, et c'est cette version officielle des faits sur la mort des moines qui était avancée dans la plupart des médias durant toutes ces années. Si des opinions divergentes étaient alors répandue dans un certain cercle journalistique comme vous me l'avez appris, elles n'ont pas filtrés et n'ont pas été relayées alors, hormis en ce qui concerne ce fameux journaliste de Canal.
Le terrorisme, avec la méchanceté et la barbarie gratuite qui l'accompagne, visant toujours des innocents, est trop absurde, trop caricatural pour être "honnête". Il sert toujours de prétexte pour désigner les "méchants", "l'ennemi" et justifier des mesures d'exceptions.
Il est apparu en Algérie comme par hasard après que le FIS ait gagné les élections, donnant une belle légitimité au pouvoir officiel algérien pour avoir refusé la sanction des urnes, et se maintenir en place.
Je suis convaincu que Mr Contant était sincère dans son travail, mais le GIA est très probablement complètement noyauté par les services secrets algériens, s'il n'en est pas une émanation pure et simple.
En tout cas je vous souhaite de réussir dans vos démarche afin de réhabiliter la mémoire de votre ami et l'intégrité de son travail.